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kwakizbak #62


 
 
Hier encore Myakhda dégustait des pissenlits par la racine dans la chambre d’écho tout en essayant de dompter les bruits de la maison. Mais ce matin elle a dit ozutépistop et, depuis, elle passe d’une fenêtre à l’autre, d’un toit à l’autre, d’un quartier à l’autre, en projetant sur les murs de la ville, grâce à un appareil très complexe qu’elle a scotché autour de ses poignets, une sorte de toile solide et collante au bout de laquelle elle se balance. Au début Kwakizbak a bien cherché à la retenir mais à chaque fois Myakhda lui échappait. Et tandis qu’il s’essoufflait rapidement, Myakhda, elle, continuait à lui en mettre plein la vue et à le semer. Alors il est descendu s’asseoir sur une poubelle jaune qu’on venait de vider et il l’a regardée ainsi s’accrocher aux balcons et jouer à la femme araignée. Jusqu’au premier coup de tonnerre, jusqu’aux premiers éclairs. Et la pluie est tombée. Alors Myakhda a rangé son barda avant de rejoindre Kwakizbak dans la poubelle jaune. C’est à présent seulement qu’ils se découvrent des pensées communes.

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
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première mise en ligne et dernière modification le dimanche 4 juillet 2010