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why


à travers le mur, Niederkirchnerstraße, 20 avril 2012
 
 
tu passes plusieurs jours d’affilée dans Berlin, une ville (et un pays) où il serait impensable de ne pas savoir, où il est difficile d’oublier ;

le 20 avril 2012 (jour anniversaire d’Hitler et, à un jour près, dix ans après le 21 avril 2002), tu marches le long des anciennes cellules de la police secrète d’état de deux autres H (Himmler / Heydrich, et de Müller, et de Eichmann) jusqu’à la place de la Topographie des Terrors, là où se quartiégénéralisait ces mêmes SS et les autres gestapotés ;

tu lis comme tu peux en allemand, en anglais, comment ça sourd, comment ça enfle, comment ça vient, comment ça sort, comment ça se répand
derrière le mur tu écoutes (ou crois deviner) les voix des arrogants et des garrotés
tu regardes défiler les années, les techniques de propagande, les morts, la hargne, les extraits de journaux, la rage, les tracts, les haines, les publicités, les mensonges, les décrets, la Terreur, les lettres de délation (pas possible cette liste) ;

le temps d’un déplacement de la gauche vers la droite tu as quitté 2012 pour 1933, 1934, 1935, 1936, 1937, 1938, 1939, 1940, 1941, 1942, 1943, 1944, 1945 avant de revenir en 2012 – un voyage dans l’autre sens le long du mur cette fois (images de barreaux à travers ce mur, et le voyeurisme qui est aussi une autre plaie) ;

le lendemain, tu t’endors dans cette même ville et te réveilles en apprenant que le bourg dans lequel tu as vécu plus de dix ans (jusqu’à ta majorité et quelque part aux limites de l’Enclave) a voté majoritairement FN.


détail du mur de Berlin, Niederkirchnerstraße, 20 avril 2012

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne et dernière modification le mercredi 25 avril 2012