Laurent Herrou | Avant | 22 août 2003

Paris, 1:10.

Je voulais écrire hier soir, c’est-à-dire : après le repas, après le dîner, et avant d’aller nous coucher, j’avais dit à Jean-Pierre que j’allais écrire – mais je n’ai été capable que de ces deux mots-là, lieu et heure. Je voulais écrire, c’est-à-dire que j’avais envie d’écrire avant d’aller me coucher, mais il n’y avait au fond pas grand-chose à raconter, aussi je me suis contenté du minimum des informations, lieu, date et heure.
On avait pris la route en fin de matinée de Quimper, on s’était arrêté au domaine de Kerguéhennec, on avait avalé un sandwich sur le parking du centre d’art, puis on avait continué notre chemin, de Rennes à Paris, d’une seule traite – la route était déserte et nous allions bon train. Il y avait un auto-stoppeur sur le bord de l’autoroute, et les filles ont été étonnées, elles ont fait la remarque que l’on aurait dit que le gars était tombé de la lune, qu’il vivait là – et cela m’a fait penser à mon livre. Puis Jean-Pierre a commencé à compter les camions Norbert Dentressangle, en disant aux filles de retenir ce nom-là qui allait leur dire quelque chose bientôt.
Mon livre, mon livre, toujours mon livre, mon nouveau livre.
Il n’y a eu depuis que je suis parti en vacances aucun appel. Kinu, Triangul’ère, ou H&O, rien. J’ai rendez-vous avec Nannini cet après-midi à quatorze heures trente, je ne suis même pas sûr que ce soit le bon rendez-vous (je me suis emmêlé les pédales entre vendredi et lundi, et c’est très dubitativement que j’ai retrouvé dans les pages précédentes mention du rendez-vous cet après-midi – je ne suis sûr de rien). Cécile a mentionné le doute, elle parlait de mes « en fait ». Je ne dis plus « en fait », ou presque plus, cela ne m’échappe que très, très rarement.
Paris, 9:40.
Nous sommes à Paris, température sans doute optimale, un ciel bleu d’azur, c’est le matin.