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quotidiennes XXIX (14/s17)

_retour à / retourner / la terre avant la pluie
(ce que retourner remue en soi)
#montreuil #sentier #jardin #gestes #filiation

 
 

_diversification alimentaire
#montreuil #choix #partage #congéparental #corderie

 
 

_indexation
#montreuil #ricordi #index #entrées

 
 

_les Guilands, père & fille
#montreuil #parc #ordinaire #congéparental #corderie

 
 

_alors que Budaï cherche à sortir de la ville,
le lecteur, lui, quel chemin cherche-t-il à suivre ? [1]
#montreuil #lecture #Épépé #Karinthy #Babel #surlefil #regardeleciel

 
 

_le Troc vert s’affiche sauvagement
#montreuil #troc #échanges #plantes #jardin #affiches #lesmursécrivent

 
 

_le reflet de 22h22
(que lit-on de soi que la nuit ne reflète pas ?)
#montreuil #reflets #danslanuit

 
 


_Photos : Montreuil (21-27 avril 2014)
 
_Le projet de GRAINS D’INSTANTS est de remonter le temps en images à partir du 18 avril 2012 où j’ai posté mon premier instantané sur le réseau social Instagram, en reprenant ou en modifiant les légendes et, en suivant son évolution, de voir ce que peut créer ce décalage spatio-temporel. Pour en savoir plus sur cette rubrique, suivez ce lien.

 

écrit ou proposé par Christophe Grossi - @christogrossi
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne et dernière modification le dimanche 18 octobre 2015


[1J’avance dans une ville étrange, celle où Budaï a atterri, celle où il ne fait que se cogner, de laquelle il ne peut et ne sait sortir, où il est pris dans les flux incessants et incompréhensibles, les mouvements interminables, où peu à peu il perd le nord, l’entendement, la raison et l’espoir aussi, lui l’homme des langues, le traducteur : lost in translation.

« (...) Il a dû atterrir à la maternité, autour de lui des centaines et des centaines de berceaux, dedans des nourrissons, tous langés en blanc. Les nouveaux-nés, à l’instar de la population adulte de la ville, représentent toutes les races humaines existantes, de la plus claire à la plus foncée, toutes les couleurs, tous les types, tous les faciès. Ce n’est pas l’unique salle qui en est remplie, derrière il y en a une autre, puis encore une troisième, des bébés, partout des bébés, des blancs, des noirs, des bruns, des jaunes, aussi dans le couloir, le long des murs, des petits lits qui n’ont pas trouvé place dans les salles. Dans certains lits il y a deux ou trois marmots, des jumeaux ou des triplés peut-être, ou simplement ils ont été réunis par manque de place. Puis d’autres pavillons, remplis aussi de poupons, et encore d’autres sans fin, et pendant ce temps des infirmières en blouse blanche entrent sans cesse en en poussant d’autres devant elles sur des brancards roulants, par dix ou par vingt, rouges de colère ou épuisés par leur naissance... Budaï aime les enfants, ils arrivent souvent à l’émouvoir. Mais jamais il n’en a encore vu autant, entassés, leur vue le trouble et même le terrorise. Il prendrait bien la fuite, il cherche une issue, pris d’une impatience croissante, ou au moins d’autres services exempts de nourrissons, dans une angoisse persistante : qu’adviendra-t-il de cette ville quand tous ceux-là grandiront et s’ajouteront à la foule ? (...) »

Ferenc Karinthy, Épépé, traduit du hongrois par Judith et Pierre Karinthy, Zulma, 2013 (première édition en français, Denoël, 1999).